FABLES CAUSIDES DE LA FONTAINE EN BERS GASCOUNS (1776). Relié plein maroquin rouge par Capé, ayant appartenu notamment au baron Double, puis à Charles Cousin de la descendance de Jean de La Fontaine.
FABLES CAUSIDES DE LA FONTAINE EN BERS GASCOUNS. A Bayoune, De l'Emprimerie de Paul Fauvet Duhard, M. DCC. LXXVI.
In-8°, s. f.t., X pp. [t. et Table de Les Fables], 284 pp., front.
Rare. Recherché. Imprimé sur vergé. La traduction est de Baretche, ou de Daretche [Cf. Journal des Landes, 22 Pluviôse, An XII], le manuscrit aurait été imprimé aux frais de F. Batbedat. Un dictionnaire gascon-français [Dicciounariot Gascoun é Frances] occupe les pp. 263-284. Le frontispice et le titre gravés ont été dessinés par Moreau le Jeune et gravés sur cuivre par Le Mire. Barbe qualifie cet ouvrage de chef d’œuvre des presses bayonnaises.
¶ Cohen, 554-555. Brunet III, 756. Quérard IV, 410. Manescau, p. 273, N° 56. Labadie, N° 1345. G. Loirette, Belles-Lettres, N° 1968, p. 281. Barbe, N° 57 a.
Relié plein maroquin rouge XIXe, dos à nerfs très orné de fleurons et de fers à l’oiseau dans chaque caisson, triple filet doré d’encadrement sur les plats, dentelle intérieure dorée, double filet doré sur les coupes, tranches dorées, gardes suivies de 3 ff. de papier vergé blanc (reliure signée de Capé).
De nombreux ex-libris retracent l’histoire de cet exemplaire à travers ses différents possesseurs, nous les signalons dans l’ordre chronologique de leur mise en place : Ex-libris doré sur maroquin rouge du baron Double au revers de la première garde.
Rare ex-libris de Charles Cousin avec monogramme C. C. poussé à l’or sur papier noir, au-dessous de l’ex-libris du baron Double. Ex-libris sur papier gaufré jaune et bordeaux de Charles Cousin au revers du premier plat, avec monogramme J F T sur cartouche ogival. Ex-libris de Dominique Goytino au verso de la première garde (au-dessous des ex-libris du baron Double et de Charles Cousin. Ex-libris gravé du possesseur actuel sur la deuxième f° de papier vergé blanc après les gardes.
Provenance
• Antoine Laurent Potier (1806-1881), fut libraire de la Bibliothèque Impériale, son magasin était situé au 9 quai Malaquais (= quai Voltaire) à Paris. Il débuta à la librairie de Nozeran dont il épousa la fille et auquel il succéda en 1831. Il rédigea les catalogues de vente de plusieurs grandes bibliothèques, notamment celles du roi Louis-Philippe (8 mars et 6 décembre 1852), de J.-J. de Bure (1er décembre 1853), d’Antoine-Auguste Renouard (20 novembre 1854), d’Eugène Piot (23 avril 1862), du comte de la Bédoyère (3 février 1862), du prince Radziwill (22 janvier et 19 février 1866), de J.-Ch. Brunet, l'auteur du Manuel du libraire (20 avril et 18 mai 1868), du relieur Capé (27 janvier 1868), du baron Jérôme Pichon (19 avril 1869), de Sainte-Beuve (21 mars 1870), etc… En 1870, lorsqu’il se retira des affaires à la fin du règne de Napoléon III il vendit son fond et sa bibliothèque personnelle aux enchères à l’Hôtel des Commissaires-priseurs, rue Drouot à Paris (deux ventes). Cette bibliothèque était riche en provenances prestigieuses et en belles reliures signées.
• Avril 1870, Hôtel des Commissaires-priseurs, rue Drouot, vente L. Potier [p. 200, N° 1011 : pap. de Holl. titre gravé et frontisp. D’après Moreau, gr. par Lemire, mar. r. fil. tr. dor. (Capé)].
• Baron Eugène Joseph Lucien Double (1846-1895), avocat de formation, il a publié sous le nom de Baron Double des romans et nouvelles, des études historiques et politiques ainsi que des critiques d'art et de bibliophilie. Il a décrit lui-même une partie de sa bibliothèque dans son Cabinet d’un Curieux (1890, puis éd. augmentée en 1892). En 1885, il avait épousé à Londres Marie Henriette Biard (1840-1897), le mariage fut annulé en 1896 par la Cour d’Appel de Paris, car il s’avéra que sa femme était bigame. Bibliophile raffiné, il était le fils de l’amateur d’art Joseph Louis Léopold Double (1812-1881), qui avait acheté la bibliothèque de Louis XIV, dont il décrivit les magnifiques collections dans Une promenade à travers deux siècles et quatorze salons. Lucien Double avait réuni un riche ensemble d’ouvrages à provenances royales et princières, son ex-libris estampé sur cuir rouge porte la mention Ex Museo L. Double. Une partie de sa bibliothèque fut vendue aux enchères à l‘Hôtel des Commissaires-priseurs, rue Drouot, les 22 et 23 février 1897.
• Charles Marie Gabriel Cousin (1822-1894), était le fils de Gilbert-Marie Cousin (1784-1837), ingénieur au corps royal des Ponts-et-Chaussées, qui avait épousé en 1815, à Château-Thierry (Aisne), Rose-Alexandrine-Julie Tanevot de Brasles, dont la grand-mère maternelle descendait du poète Jean de La Fontaine. Charles Cousin fut secrétaire du prince de Capoue, frère du roi de Naples. En 1843, il fut admis comme surnuméraire au ministère de l’Instruction publique, trois ans plus tard, il entra au service de la Compagnie des chemins de fer du Nord, devint inspecteur et principal délégué en 1867 et secrétaire de l’exploitation en 1890. Pendant la guerre 1870-1871, il a commandé un bataillon de 2.400 hommes formé par ses soins avec le personnel de la Compagnie, assurant la protection de la voie ferrée ; la Compagnie reconnaissante lui alloua un appartement composé de deux étages, au 20 rue de Dunkerque, à Paris Xe, dont le plus élevé fut converti en Grenier où C. Cousin, qui était curieux de livres et d’antiquités, commença à accumuler ses richesses.
Quand le duc d’Aumale, camarade de collège et de concours de Cousin, rentra en France, il visita le Grenier, y dîna avec les Amis des livres ; Cousin alla ensuite tirer des faisans à Chantilly. Il a publié quelques beaux livres dont : Charles Baudelaire. Souvenirs – Correspondances. Bibliographie suivie de pièces inédites (avec de Lovenjoul, Paris, René Pincebourde, 1872) ; Voyage dans un grenier (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1878) ; Racontars illustrés d’un vieux collectionneur (Paris, Librairie de l’Art, 1887, 2 vol.).
En 1874, il fut l’un des fondateurs et premier vice-président de la Société des Amis des livres et de la Société des Bibliophiles contemporains. Il se surnommait lui-même Le Toqué. Sa bibliothèque fut vendue aux enchères à Drouot en 1891, il existe un catalogue de vente. Il possédait cinq ex-libris différents :
1° Celui qui est sur l’ouvrage ci-dessus, et qui fut le plus utilisé : un cartouche ogival de 37 x 29 mm, avec au centre : l’épitaphe de Jean de La Fontaine Jean s’en alla comme il était venu, et le monogramme J. F. T. [Jean de La Fontaine Toqué] brochant sur le tout ; entouré de la légende : C’est ma toquade ; au bas, deux C enlacés.
2° un ex-libris rectangulaire en couleurs avec les armes de la maison de Cousin de Crèvechamps en Lorraine et la mention Arma Cousin dans un encadrement du style rocaille.
3° un ex-libris rectangulaire de 110 x 78 mm, en couleurs, signé P. V. avec un cartouche rocaille, avec au centre l’épitaphe du poète : Jean s’en alla comme il était venu, avec le monogramme J. F. T. [Jean de La Fontaine Toqué] brochant sur le tout ; autour, est la légende C’est ma toquade .
4° une étiquette ronde de 10 mm de diamètre, dorée, estampée sur papier noir, de deux C, cette étiquette, rare, figure avec l’ex-libris de type 1 sur quelques livres auxquels il attachait une certaine valeur.
5° une étiquette ronde avec une vache rouge sur fond doré, de 19 mm de diamètre, destinée aux tableaux, faïences et bibelots du Grenier appliqué exceptionnellement au-dessous de son ex-libris sur quelques volumes peu édifiants.
• 9 avril 1891, Drouot, Vente de la Bibliothèque Cousin, 3e vacation [p. 74, N° 271 : pap. de Hollande, titre et front. gravés par Le Mire d’après Moreau le jeune, mar. rouge. tranche dor. dos orné (à l’oiseau). (Capé). Ex museo L. Double. Nombreux témoins. Belles épreuves des figures ; le portrait de La Fontaine qui orne le centre du frontispice est charmant. De la vente Potier, avril 1870, N° 1011. Livre intéressant pour l’histoire de la langue du pays Gascon dans la seconde moitié du 18e siècle].
• Dominique Goytino, bibliophile basque ayant réuni une très importante bibliothèque sur le pays et la langue basques, avec quelques ouvrages sur le Béarn et les Pyrénées. Sa bibliothèque fut vendue aux enchères à Bordeaux, Hôtel des Ventes Sainte-Croix, en deux vacations, les 6 juin et 13 septembre 2019.
Dominique Goytino possédait trois ex-libris :
1° un ex-libris ovale frappé or sur cuir rouge portant son monogramme et la mention Ex-libris Dominique Goytino.
2° un ex-libris rectangulaire gravé par Benneton portant le monogramme avec la mention Ex-libris Dominique Goytino au-dessous.
3° un ex-libris tiré sur papier, de forme carrée, signé J. G.[oytino] représentant une maison et un paysage basques stylisés avec la mention Dominique Goytino. Ce dernier ex-libris, de dimensions variées, est de très loin le plus fréquent. Les ouvrages de cette bibliothèque portent l’un ou l’autre de ces ex-libris, parfois deux (dans ce cas : les types 1 et 3).
• 13 septembre 2019, Bordeaux, Hôtel des Ventes Sainte-Croix. Livres basques et béarnais (2me vente) [p. 6, N° 44, le catalogue ne signale qu’un seul ex-libris : celui de Victor Cousin].
• Bibliothèque Privée.
Références
• [Catalogue de Vente aux Enchères] - Catalogue de livres rares et précieux, manuscrits et imprimés faisant partie de la Librairie de L. Potier, Libraire de la Bibliothèque Impériale. Paris, Se distribue à la Librairie de L. Potier, 9, quai Malaquais, 9, et chez Adolphe Labitte, Libraire, rue de Lille, 4, chargé de diriger la vente. [Paris] [1870]. [p. 200, N° 1011].
• [Catalogue de Vente aux Enchères] - Catalogue de Livres et Manuscrits, la plupart rares et précieux provenant du Grenier de Charles Cousin, Vice-Président de la Société des Amis des Livres et de la Société des Bibliophiles contemporains. Vente : Hôtel Drouot, Salle N° 3, Les Mardi 7, Mercredi 8, Jeudi 9, Vendredi et Samedi 11 11 Avril 1891 à deux heures précises. Maurice Delestre, Commissaire-Priseur, 27, rue Drouot ; M. A. Durel, Libraire-expert, 21, rue de l’Ancienne Comédie. [Paris] [1891]. [p. 74, N° 271].
• [Catalogue de Vente aux Enchères] – Briscadieu, Bordeaux, Maison de Ventes aux Enchères. Livres basques et béarnais (2me vente), Vendredi 13 septembre 2019, à 10 h 30 et 14 h 30. [Bordeaux] [2019]. [p. 6, N° 44 : le catalogue ne signale qu’un seul ex-libris : celui de Victor Cousin qui est le plus apparent car situé au verso du premier contreplat].